Barjots mais champions
Le «Grand» mit de l'ordre dans la maison, pour le plus grand bonheur du clan tricolore.
Retour en arrière. Trois ans après sa médaille de bronze olympique à Barcelone, deux ans après sa médaille d'argent aux Championnats du monde suédois, l'équipe de France débarque en Islande avec des idées et des rêves plein la tête. On est en mai 1995. La formation tricolore est au faite de son art. Du moins doit-elle l'être.
Composée de joueurs au talent reconnu ayant accumulé ce qui a de tout temps fait défaut aux équipes de France, l'expérience, elle a, c'est évident, tout pour réussir à l'occasion de ce Mondial. C'est d'ailleurs, pour beaucoup, le moment ou (peut-être) jamais...
II y avait, dans cette équipe, un décalage entre certains et les autres », se «souvient-il. « Entre le noyau marseillais qui se pensait visiblement toujours à l'OM, et ceux qui ne pouvaient que graviter autour de ce noyau, pas s'y fondre. Bref, personne ne se faisait vraiment plaisir et nous commencions à avoir de plus en plus de mai à nous supporter. »
Au soir de la défaite face à l'Allemagne, l'arrière gauche du PSG-Asnières entre en scène. C'est que lui y croit encore dur comme fer. Lui qui se souvient avoir, 20 ans plus tôt, promis à sa grand-mère qu'il serait champion du monde. Lui qui avait, trois ans avant, annoncé dans le défunt quotidien « Le Sport », que le handball serait le premier sport collectif français champion du monde.
« Moi, j'étais venu en Islande pour monter sur la plus haute marche du podium, sachant que nous en avions les moyens. Et là, tout d'un coup, j'ai eu l'impression d'être le seul à vraiment y croire... »
Au soir de la deuxième défaite française, Denis Lathoud se retrouve ainsi au "Café Reykjavik », haut lieu de la vie nocturne Islandaise et quartier général des supporteurs et des journalistes français en compagnie de quelques joueurs.
A une table à l'écart, Denis sonde le terrain. II y a là Frédéric « Charly » Volle, Gregory « Greg » Anquetil, Johan Delattre, Laurent Munier et Guéric Kervadec. Premiers déballages. « On a pas mal discuté. Je leur ai dit que j'avais vu jouer les autres équipes, toutes celles qui étaient venues pour gagner quelque chose en Islande et que nous n'avions rien à leur envier. Alors que la plupart pensait que nous avions une chance d'être champions, moi j'étais persuadé que nous devions l'être. A condition de tout faire pour l'être, de cesser de se cacher derrière les autres, de ne rien assumer, de s'engueuler et de tricher. »
Message reçu, les « Marseillais » confortant Denis Lathoud dans son Intention de « faire quelque chose ». Appui inconditionnel, également, des supporteurs regroupés un peu plus loin et eux aussi déçus par la tournure prise par les événements.
Le lendemain matin, l'équipe de France s'envole pour Akureyri où elle doit affronter l'Espagne en huitième de finae. Au sortir de l'avion, le « Grand », Denis Lathoud donc, regroupe les joueurs, et uniquement les joueurs, dans une chambre d'hôtel. Pour leur parler d'entraide, de cohésion, d'humilité mais aussi d'ambition.
Bref, c'est entre hommes et les yeux dans les yeux que les Tricolores lavent leur linge sale, chacun y allant de ses suggestions ou de ses critiques.
« II fallait un électro-choc. Si le groupe n'avait pas été fort mentalement et psychologiquement, cette réunion aurait pu tout faire péter. II s'est, heureusement, montré fort... »
On ne saura jamais très exactement ce qui s'est dit, ce mardi 16 mai 1995, dans un coin perdu du Nord de l'Islande. Toujours est-il que c'est une équipe de France métamorphosée qui, quelques heures plus tard, fait son entrée dans l'Iprottaholin d'Akureyri. Un groupe méconnaissable parce qu'enfin soudé. Douze joueurs qui ne font plus qu'un durant la Marseillaise ( « ce bras-dessus, bras-dessous s'est fait naturellement, rien n'était prévu» ) avant de manger tout crus des Espagnols jusqu'alors invaincus et bien décidés à prendre leur revanche sur des français qui les avaient humiliés sur leur sol, aux Jeux de Barcelone, en 1992.
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