lundi, août 05, 1996

« Les Bronzés », générique de fin

Battue 27-25 par l’Espagne hier au Georgia Dome, l’équipe de France n’a pu faire refaire le coup de Barcelone et termine quatrième. « La place du con », dit Frédéric Volle.

« C’est la fin d’un cycle. Tous les handballeurs de France ont maintenant leur chance. » Daniel Costantini manie l’humour au quatrième degré pour évoquer le parcours de cette équipe qui s’est retrouvée selon lui la plupart du temps au trente-sixième dessous lors de la deuxième semaine des JO. « Pendant trois mois, à Barcelone, le groupe était resté en harmonie même s’il y a pu avoir à certains moments, comme dans toute aventure humaine, quelques tensions, explique l’entraîneur tricolore. Ici, il y a eu rapidement deux groupes distincts : celui des anciens, qui ne parlaient que de décrocher l’or olympique, et les jeunes, qui n’avaient encore rien prouvé et qui se sont faits embarquer dans cette galère. ».

L’équipe version Atlanta a véritablement montré ses limites intrinsèques en demi-finale face à la Croatie, où l’adversité, au lieu de resserrer les rangs, a au contraire étalé au grand jour les rivalités internes. A ce stade de la compétition, Costantini s’était déjà demandé si ce groupe était « digne » d’aller plus loin, c’est-à-dire dans le cas précis de faire le même trajet qu’à Barcelone jusqu’à la troisième place du podium. La réponse aujourd’hui ne souffre aucune ambiguïté.

Face à l’Espagne, que la France avait battue pour son entrée en compétition sur un score exactement inverse (27-25), les ex-Bronzés de Barcelone ont couru toute la partie après une chimère et un score qui les fuyaient désespérément. Pourtant, ils sont revenus à un but à 30 secondes de la fin « de manière assez inexplicable », précise Costantini, mais le suspense n’en demeura pas moins essentiellement théorique tant leur emprise sur le match fut quasi nulle.

« On ne mérite pas de se retrouver sur le podium, analyse Frédéric Volle, l’un des plus réguliers du groupe et l’un des rares à accepter d’analyser l’échec. On n’est jamais vraiment entré dans la compétition. Il n’y avait pas de fond, pas de vitesse et surtout on n’a pas réussi à retrouver l’état d’esprit que l’on a pu connaître par le passé. Bref, on se retrouve maintenant à la place du con et il n’y a rien à redire. ».

Sa quatrième place olympique permet toutefois à l’équipe de France de rester tête de série dans la perspective du prochain Mondial au Japon en 1997. « C’est la fin des « Barjots », précise Daniel Costantini. Il faut maintenant repartir de zéro ou peut-être en se basant sur l’équipe de la fin de match face à l’Espagne. L’époque des Volle, Lathoud, etc., est terminée et on doit rechercher un nouvel état d’esprit. L’équipe de France est ouverte, donc incitatrice. » Cela ressemble à une passation de témoin improvisée, bien que prévisible, où l’on n’oublie pas de saluer les vieux acteurs pour ce qu’ils ont « apporté au handball » tout en souhaitant tourner la page au plus vite. « Les jeunes devront saisir l’opportunité », répète Costantini. Les Bleus ont un titre mondial à défendre au début de l’été prochain.

De l’un de nos envoyés spéciaux, L. C.

Article paru dans l'Humanité édition du 5 août 1996.