mardi, février 06, 2001

Bercy... beaucoup !

Une sensation fugace peut-elle être prophétique ? Pourquoi le souvenir de 1986 me revient-il en mémoire ? La Fédération française de handball et Christian Picard organisaient le deuxième Tournoi des capitales. A cette occasion, l'équipe de France avait pris les couleurs de Paris. Le Marseillais que j'étais encore, fraîchement appelé à entraîner le sept tricolore, ressentit une intense émotion en pénétrant, pour la première fois, dans cette enceinte, à présent mythique. L'idée folle (à l'époque) que, peut-être, un jour nous pourrions y revenir pour disputer une vraie compétition me traversa l'esprit.

Déjà, lors du Mondial B de 1989, nous étions venus y mettre la dernière touche à notre initiation pour entrer dans la cour des grands. Plus tard, quand Jackson Richardson nous eut rejoints, nous y sommes venus régulièrement pour vous montrer nos progrès étayés par de bons résultats aux quatre coins du monde. Quand naquit l'intention d'organiser, dans un premier temps, le Mondial 1999, nous savions pouvoir compter sur un écrin digne d'abriter les finalités.

Plus besoin, comme en 1970, de transformer un hall sommaire de la porte d'Ivry (Paris, 13e) en théâtre sportif adapté à un événement planétaire. Restait à en obtenir la charge, ce qui fut fait pour l'édition 2001. Huit sites de province auront la responsabilité des deux premiers actes, rivalisant de ferveur populaire, de sens de l'hospitalité et d'amour pour ce sport. L'espoir de voir la France atteindre le dernier carré était, bien sûr, entretenu.

Par la grâce d'un but miraculeux de l'inimitable Jackson Richardson, la prophétie de 1986 s'est donc réalisée. Quoi qu'il en soit, aujourd'hui, le handball français aura réussi son rendez-vous avec l'histoire. Sans se travestir, en assumant ses paradoxes, il aura tenu toutes les promesses exprimées çà et là, et parfois au détriment de la prudence la plus élémentaire. Il reste, à présent, à ne pas avoir la mémoire courte. Souvenons-nous et sachons dire : Bercy beaucoup !

Daniel Costantini. - Le monde, édition du 6 février 2001